Je n'ai jamais rencontré aucun Jedi, ils ignorent mon existence, tout comme j'ignore la leur. Nous n'avons jamais été confrontés les uns aux autres en quelque sort. Même la confrérie dont je suis sensée faire partie sait vaguement que Darth Dorcaoth a eu une apprentie, mais ils ne me connaissent pas. Ou s'ils me connaissent, ils m'ignorent totalement.
Mes confrères Noirs et moi-même n'avons jamais totalement partagé la même vision de la Galaxie. Dorcaoth, mon maître, m'a appris à maîtriser les rouages de la destruction délicate et experte. Il ne cherchait pas à reconstruire sur de nouvelles théories obscures. Ce n'est pas ce qui l'intéressait, au contraire de mes confrères qui voulaient eux reconstruire , en posant les bases de leur croyance obscure.
Mon maître m'a enseigné dans l'isolement. Nous ne fréquentions peu ce qu'on appelait les Sith, bien que nous en fassions partis. Nous avions nos propres règles, notre propre vision des choses. J'étais la garante des techniques du Seigneur Dorcaoth. Le champ de mort, technique qu'il possédait, il me l'apprit et fit de moi un nouveau Sith Planaire, confirmé dans mes compétences lorsqu'il mourut.
Mais je m'égare, je ne commence pas par le commencement et je manque à tous mes égards. Je ne me suis pas encore présentée.
Je suis le Seigneur Abyss, apprentie de Darth Dorcaoth. Je suis originaire de Naboo, mais je suis née sur le monde de Kessel, qui est la plus grande des planètes prison , utilisée pour cela par les Autorités et les Jedi. Je ne songeais pas à devenir un Sith Planaire, dès que je fus en âge de formuler des pensées claires et constructives. Tout ce que je voulais, dès mon plus âge, c'était m'enfuir de cette prison où j'étais une domestique, une sorte de coursier entre gardiens et prisonniers.
En faisant ce travail de course, j'avais appris à apporter des choses utiles à ma mère, une femme médecin qui s'éteignait peu à peu en cellule. Je lui apportais de la nourriture, de l'eau, des médicaments. Comme elle était médecin, les gardiens la laissaient exercer son métier auprès des prisonniers. Mais elle n'avait pas l'envie. J'étais son assistante quelques fois. Je lui nettoyais ses ustensiles, mais je voyais ma mère s'affaiblir et perdre toute envie de se battre pour sortir de cet enfer. Et j'ai haï de toutes mes forces l'être qui nous avait envoyé en prison parce qu'il voulait se marier pour augmenter de position dans la hiérarchie sociale et qu'il ne voulait pas entendre parler ni de ma mère, ni de moi-même, mon père.
Ma mère ne fut bientôt plus de ce monde, me laissant seule dans ce sombre endroit où la lumière n'apparaissait pas. J'avais appris à vivre dans l'ombre dès mon plus jeune âge, je n'avais jamais connu le soleil. Uniquement les néons artificiels qui illuminaient la prison de Kessel. Je continuais , morne, les gestes de la vie quotidienne. J'apportais aux prisonniers les produits qu'ils achetaient aux gardiens, j'étais devenue une sorte de lien tenu, un messager. Les gardiens m'ont appris à utiliser quelques gestes d'autodéfense, mais je ne m'en servais que très peu. Je passais mon temps dans l'ennui, l'obscurité, l'ennui surtout. Je haïssais cette sensation d'ennui, j'avais peur de me perdre moi-même.
[...] Extrait de la vie de Darth Abyss, holocron "Arbre Noir"